"Tu vois c'que j'veux dire": quiconque a discuté avec Pierre Donnersberg plus de cinq minutes l'aura obligatoirement entendu prononcer cette phrase. Une sentence qui ne demande aucun point, ni d'interrogation, ni d'exclamation, ni même de suspension pour la ponctuer. Elle se suffit à elle-même dans la représentation de la pensée didactique de Pierre en permettant à son auteur de vérifier que l'interlocuteur a bien imprimé le message. Car Pierre a beaucoup de choses à dire, à raconter, à expliquer, peut-être parce que lui-même n'a pas encore tout-à-fait compris comment lui, petit exilé d'Oran, fuyant avec sa mère les horreurs de la guerre d'Algérie et n'emportant comme seul trésor que le cercueil d'un père trop tôt disparu, a pu devenir, sans argent, sans diplôme, sans rien que la volonté farouche d'y parvenir et l'amour exclusif d'une mère qui n'avait plus que lui, ce chef d'entreprise reconnu, respecté, à la tête de l'un des plus importants cabinets de courtage d'assurance français à vocation internationale. Mais aussi ce collectionneur éclairé, cet expert consulté, spécialiste d'art contemporain chinois. éditeur