Tout commence par une boîte oubliée dans un recoin de cave. Plusieurs centaines d'ektachromes sagement alignés que Line fait tirer par curiosité… Elle redécouvre soudain le regard que Loulou Gasté, son mari, avait posé sur leur folle vie américaine. Au fil des clichés dévoilés, elle se souvient de tout, de ce Las Vegas dont elle fut la reine incontestée cinquante ans avant Céline Dion, de cette ville mirage façon western surgissant du désert sous ses yeux. Elle vient de triompher au Casino de Paris avec la revue Plaisir, elle s'est déjà produite dans toute l'Europe, à New York et à Hollywood lorsqu'un jour de 1962, Mademoiselle d'Armentières passe la porte de Las Vegas. Plantée dans cette mer de sable écrasée d'un soleil blanc, une gigantesque enseigne de huit mètres de hauteur annonce le show de Line Renaud au Dunes. Deux ans à guichets fermés dans une cité qui fait d'elle sa citoyenne d'honneur et donnera son nom à une rue en 2017. Le Tout-Vegas baptisera même sa maison du 174 Tropicana Avenue « l'ambassade de France ». Line y donne des fêtes d'anthologie où se pressent Ella Fitzgerald, Dean Martin, Jane Russell, Judy Garland, Louis Prima, Nat King Cole ou Bob Hope tandis que Cary Grant vante dans la presse les talents et l'élégante convivialité de la meneuse made in France. Qui d'autre qu'elle pouvait se souvenir de Gregory Peck, faire chanter « La Marseillaise » à Reagan, taper la discute avec Hitchcock ou faire couler à flot le champagne dans sa piscine avec Jane Russell dès dix heures le matin ? Personne ! Line fut le témoin privilégié d'une épopée de légende. Sans nostalgie mais avec dérision et gourmandise, elle nous la donne en partage. Cette histoire-là est un film en Technicolor, une histoire folle et moderne dans un décor délicieusement vintage. éditeur