“Qu'ai-je appris de ces années 35-40 avant d'en être un témoin conscient ? Un détail sordide dans la plainte de maman revenait sans cesse des années après : nous, les deux gosses envoyés tôt au lit pour éviter le triste spectacle du père, le courageux ouvrier, le militant exemplaire, ivre-mort sur le carreau blanc de la cuisine. Toute la détresse de l'épouse se devinait quand elle se racontait : une couverture jetée sur le corps malade allongé sur le froid carrelage, un geste d'humanité admirable suivi d'un coup de pied dans la carcasse amollie, l'aveu d'impuissance et d'humiliation… Ça, c'est du vécu, fantasmé sans aucun doute, heureusement resté gravé dans la mémoire d'un gamin de cinq ans". Ainsi se confie Garou. Mais qui est Garou ? “Grinfou Gary“, comme le dit sa compagne Isée, Grinfou comme grincheux et fou à lier, parfois… Lui, gentil Garou, pas du tout loup-garou, qu'a-t-il fait pour mériter pareils qualificatifs ? Enfant, il n'était pas le dernier en espiègleries, mais d'autres en ont fait de tellement plus savoureuses, comme vous pourrez le lire à travers les récits qu'il m'a confiés. Je le connais bien, Garou, mon égo-miroir et surtout, le soleil éclatant de mes délires. Le vieil homme se désole de n'avoir rien su de la jeunesse de ses parents, dénonce son comportement étourdi, jalouse les aubaines et soupire aux joies et peines de ses amis. Des commentaires tout en dérision et compassion. Des scènes de la campagne proche ou d'ailleurs, du monde ouvrier et paysan des années 20-80, des aventures enfantines dérisoires aux yeux adultes, inoubliables dans la mémoire du protagoniste, des mésaventures pseudo-dramatiques de retraités, autant de récits qui se veulent­ ­jubilatoires. Plasticienne, Martine Diersé vit au Château du Pin à Fabras où elle a créé des jardins labellisés ”Jardin ­remarquable” par le Ministère de la Culture. Ses dessins à l'encre de Chine naviguent sur l'eau noire des romances roses avec ­violence, douleur, humour. éditeur