Il n'y a pas de théologie politique chrétienne. On ne saurait tirer de la Révélation une politique. Le Christ s'est tenu à l'écart des problèmes politiques de son temps, le Royaume qu'il prêche n'est pas de ce monde, il ne dit mot du bon régime, de la guerre, de l'esclavage, il distingue « ce qui n'est pas à Dieu » et « ce qui est à César »... Quant à l'Ancien Testament, il dit des choses fragmentées et d'interprétation diffi cile. Pourtant l'Église s'est toujours refusée à compartimenter le monde et à se cantonner dans la sphère privée. S'agissant des choses de la politique, elle enseigne deux choses: d'un côté, elle fait appel à la loi naturelle, connaissable par la raison, de l'autre elle affi rme, selon la belle formule du Cardinal Journet, qu'il y a « des exigences chrétiennes en politique. » En d'autres termes, la politique a ses fi ns propres qui relèvent de la loi naturelle mais il y a des exigences propres au christianisme qui s'appliquent à l'ordre politique. Comment se concilient ces deux propositions ? La question est diffi cile. Elle l'est en particulier si l'on resserre ce problème à l'objet de ce colloque : d'un côté une fi n naturelle, le bien commun de la cité, de l'autre la vertu théologale de charité, la première des trois, celle qui demande tant au chrétien. Comment faire sa juste part à l'une et à l'autre ? éditeur