« Quand je suis allée pour la première fois en Tunisie, à l'âge de 16 ans, toute ma famille avait quitté le pays depuis bien longtemps. C'est une amie franco-tunisienne qui m'a fait découvrir La Marsa, le souk de Tunis, les ruines de Carthage… et La Goulette, où ma grand-mère passait autrefois ses vacances ! Malgré la pauvreté et les guerres, celle-ci garde un souvenir émerveillé de sa jeunesse à Tunis. Après le décès précoce de ses parents, ce sont ses voisines qui lui ont appris à cuisiner. Elle a ainsi pu nourrir pendant des années ses cinq frères aînés. Il paraît que certains Tunisiens disent aujourd'hui à propos des juifs que “la joie de vivre est partie avec eux”. Cette expression me parle beaucoup, car ma grand-mère est pour moi l'incarnation de la joie de vivre. Repas de Chabbat, apéro, lecture, sieste… “Tout ce qui est bon, je suis pour” m'a-t-elle déclaré un jour. Son rire – souvent fou – est le plus communicatif que je connaisse. » Voici ce qu'écrivait en 2015 l'une des petites-filles de Lulu dans le cadre d'une grande collecte de récits intitulée « Aux amou­reux de Tunis » organisée à la Villa Méditerranée (Marseille) à l'occa­sion du lancement du Sentier métropolitain du Grand Tunis. Nous, ses enfants et petits-enfants, avons souhaité offrir à Lulu pour ses 90 ans, en témoignage de notre amour et de notre reconnaissance, l'occasion de trans­mettre cette joie de vivre sous la forme d'un livre, cet objet-compagnon de tous les jours qu'elle aime tant et qui l'a accompagnée toute sa vie. éditeur