Le rêve soviétique n'est plus. Boris Eltsine le chasseur démocrate, devenu Président de la Fédération de Russie, salue les passants depuis sa carapace de carton-pâte. Gorbatchev est déjà loin. Un Staline de bronze arraché de son piédestal s'abîme sur une pelouse. Le parc Muzeon est devenu un cimetière de statues, de fantômes déchus. C'est Moscou, après la glasnost et les réformes de la perestroïka. Moscou à partir de 1991, juste après le début de la fin. Igor Mukhin a 30 ans. Né à Moscou en 1961, il n'a jamais quitté sa ville natale. Après une formation de plombier chauffagiste, il décroche un emploi de veilleur de nuit au ministère de l'Industrie du charbon et use ses premiers appareils en suivant la jeunesse soviétique et la scène rock qui balbutie. Il va aussi devenir le témoin consciencieux de l'effondrement d'un empire. De ce monde qui s'effrite au profit d'un autre, au milieu des cendres et des étincelles. Il se souvient : « Ce sont des années difficiles. Quelle nostalgie y a t-il là ? ». éditeur